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Le billetd’Édouard de frotté Le billetd’Édouard de frotté

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L’arbre, dans ma région, n’a pas toujours eu bonne presse, car il n’appartient pas au locataire mais au propriétaire et fait de l’ombre aux cultures. L’élimination parfois brutale des haies a pu le faire regretter du public, mais il a su imposer le respect car on découvre encore de beaux chênes dressés au cœur des champs agrandis. Comme le dôme des cathédrales, l’arbre peut inspirer l’émerveillement dans sa montée vers la lumière. Peut-être aussi des millénaires de cohabitation avec l’homme ont-ils forgé une intimité dont l’origine nous échappe.

Récemment, un scientifique allemand, Peter Wohlleben, a écrit un ouvrage à succès, « La vie secrète des arbres » (Les Arènes), par lequel il pense nous faire découvrir que l’arbre posséderait une forme particulière d’intelligence et d’affectivité. On y est guidé par une abondance d’observations surprenantes mais on risque aussi, comme dans bien des plaidoyers actuels, de prendre les hypothèses pour des certitudes. S’il apparaît que du végétal à l’animal et à l’homme, la création s’exprime en ascension continue ou, comme l’écrit Wohlleben, que « la vie soit un ensemble de réseaux incarnés », on peut penser que notre concept de l’intelligence est difficilement dissociable du cerveau humain. Cela n’empêche, comme le fait si bien ressortir le renard dans « Le Petit Prince » de Saint-Exupéry, que les racines soient un élément qui manque à l’homme dans sa constante agitation. Finalement, notre lien à l’univers forestier vient d’une affectivité mystérieuse qui s’exprime face à l’âpreté de la vie : j’ai appris que les employés de bureau étaient plus productifs quand ils voyaient de l’espace vert, que les dépressifs se suicidaient moins quand, de leurs fenêtres, ils apercevaient du feuillage, et j’ai vu épandre des cendres humaines aux pieds d’arbres vénérés.

 

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